• La bête joyeuse

    Ne soyez pas frappée par mon air abattu, je vous assure. Vous paraissez si inquiète. Je prends tout simplement cette mine pour passer inaperçu. Ce n’est qu’une apparence. Vous savez, je ne suis pas tel que je me montre. Je joue la tristesse et l’accablement voilà tout. Vous me voyez triste, je suis joyeux, vous me voyez accablé, je suis libre et léger. Je suis assez bon à ce jeu là bien que, malgré mon entraînement, c’est toujours un travail intense pour arriver à être au top de l’intention que je porte à vos yeux dans cette chair éteinte. Je me vide d’abord de tout espoir apparent et je m’attaque aux traces physiques de mon optimisme viscéral. La bête joyeuse résiste dans ses formes, elle tient bon, mais finit toujours par lâcher. Une fois que tout mon corps est saisi profondément par ce jeu de la tristesse et de l’accablement, je m’accroche au personnage. Alors, quand je rentre chez moi je garde le plus souvent cette tête là et je me couche avec pour ne pas avoir à la refaire tous les matins. C’est un secret que je partage avec mes proches et vous aujourd’hui qui me tendez la main. Vous êtes bien la seule. Quand je suis celui que je ne suis pas, mes amis reconnaissent dans une grimace mon sourire, dans un grincement de dents mon éclat de rire. Si ma joie devait éclater au grand jour elle ferait des jaloux. J’aime la discrétion vous comprenez. Je me cache ainsi, voilà tout… Je sens la douce attention de votre main sur mon épaule… On ne se connaît pas… Peut-être voyez-vous une tristesse non feinte… Je devrais apprendre à jouer la joie quand je suis triste… Cette larme qui coule sur votre joue, est-ce un jeu ? 

    Joyeuse tristesse et triste joie

     

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